
(english version here)
Jean-Pierre Decerf est né le 11 juillet 1948 à Neuilly sur Seine. Il se passionne très vite pour la musique et reçoit à l’âge de 12 ans sa première guitare acoustique, c’est une révélation. D’un tempérament plutôt autodidacte, il s’efforcera néanmoins de suivre quelques études musicales.
Au début des années 60, le phénomène Beatles et la Pop Music apparaissent, cela transformera sa vie définitivement. Vers l’âge de 14-15 ans il monte un groupe avec des copains d’école, “The Witchers”, dont le répertoire s’inspire des Yardbirds, Pretty Things, Them, Sorrows, Action, Who et autres groupes de l’époque. Le groupe se produit dans de nombreux clubs de la région parisienne pendant trois ans.
Considérant qu’il ne suffit pas d’imiter les autres pour progresser, il décide d’ étudier la musique à sa manière, en écoutant les œuvres les plus diverses dans différents styles musicaux : Pop, Jazz, Classique.
En 1970, il entre chez Pathé Cinéma en tant qu’illustrateur sonore, ce qui lui permet de rencontrer plusieurs réalisateurs, dont Carlos Vilardebo qui lui confie la création de la musique originale de son film “Les Trois Vallées”. Ça a été pour lui un déclic, il décide alors de se consacrer à la composition musicale.
Peu après, il est contacté par la société Montparnasse 2000, éditeur de musique d’illustration (dite Librairie Musicale), pour laquelle il réalisera 6 disques au fil des années. À la même époque, il rencontre un compositeur Australien, Lawrence Whiffin, de 18 ans son aîné, un passionné de Ravel, de Stravinsky, de Debussy, et élève d’Alfred Cortot. Le jeune musicien est fasciné par le talent de celui qui deviendra par la suite professeur à l’Université de musique de Melbourne et lauréat du prix australien de la musique classique en 1999. L’influence positive qu’il reçoit va donner naissance à une grande amitié et un peu plus tard, à la création en commun d’un album intitulé “Thèmes Médicaux” sur le label Chicago 2000.
En 1975, Jean-Pierre quitte Pathé Cinéma et rejoint Gaumont, toujours en qualité d’illustrateur sonore. C’est aussi à cette époque qu’il délaisse la guitare pour le clavier, instrument plus proche de la musique qu’il veut composer. Chez Gaumont, il rencontre à plusieurs reprises Renaldo Cerri, directeur du label Chicago 2000, et entame une collaboration fructueuse qui durera plusieurs années. Elle se concrétise tout d’abord en 1977 par le disque “Univers Spatial Pop“, Rock Spatial synthétique avant-gardiste, puis par “Out of the Way” dans la même veine.
En 1976, Renaldo présente à Jean-Pierre un jeune chanteur auteur-compositeur d’origine Mauricienne, Clarel Betsy. Les deux musiciens se découvrent beaucoup d’affinités et décident de réaliser avec Gérard Zajd, guitariste et ami d’enfance de Jean-Pierre, un album-concept intitulé “Magical Ring“. L’album sort commercialement en 1977 et l’un de ses titres “More and More” devient un tube radio de FIP. Cependant ce disque ne connaît qu’un succès relatif, mais au lieu de baisser les bras Jean-Pierre et ses amis Clarel et Gérard se lancent dans la création d’un nouveau groupe qu’ils baptisent “Open Air“. Les trois musiciens se réunissent dans le home studio de Jean-Pierre aux alentours de Paris, et c’est dans ce lieu paisible qu’ils élaborent une musique mélodique et sophistiquée dans un style Rock Progressif, à l’instar de groupes tels que Caravan, Genesis, Yes ou Camel. Les séances d’enregistrement et de mixage ont lieu sous la direction du producteur Renaldo Cerri au Studio Adam de Roissy en Brie, studio réputé où les musiciens disposent d’une excellente contribution technique de la part de l’ingénieur du son Philippe Beaucamp. D’autres musiciens viennent renforcer le trio : le guitariste Jean-Pierre Auffredo (fondateur de We Free et d’Alice), Allan Jones (ex-bassiste du groupe anglais The Mojos) et le batteur Philippe Aboukrat. En 1978, le disque est distribué par Sofrason et Jean-Pierre, très satisfait du résultat, envisage d’organiser des concerts pour le groupe. Malheureusement, les mauvaises ventes d’Open Air, dues en partie au désintérêt du public pour le rock progressif, amènent le musicien à tout annuler. Le groupe éphémère se sépare, non sans amertume, mais les membres restent en contact.
Jean-Pierre décide alors de revenir à ce qu’il faisait auparavant et enregistre sous son propre nom l’album “Keys of Future“, une musique synthétique et visuelle qui le passionne toujours autant. L’album rencontre un grand succès auprès des professionnels du son et de l’image.
Sur cette lancée et fort de l’accueil reçu, il compose en 1979 un nouvel album très personnel, “Reincarnation“, toujours sur le label Pema Music. L’ambiance musicale est cette fois-ci quelque peu différente, plus souple et un peu moins synthétique. Dans cette même année prolifique il fait un bref passage sur le label Musax de Jacky Giordano, puis il réalise l’album “Sound Space” pour Montparnasse 2000, un incontournable pour certains collectionneurs.
En 1980, il est contacté par le label Patchwork dirigé par René Taquet, illustrateur sonore de Cinéma et de Télévision, une vieille connaissance de Pathé Cinéma. Pour ce dernier, Jean-Pierre compose l’album “Action” avec son ami Gérard Zajd; ce disque révèle des ambiances musicales fortes et contrastées à la manière de Tangerine Dream. Il enchainera avec l’album “Pulsations“, de nouveau pour Montparnasse 2000, ce sera son dernier avec cet éditeur, mais pas l’un des moins intéressants. Un des titres de cet album devient le générique d’une émission politique hebdomadaire de FR3.
En 1981, nouveau disque pour Patchwork, “Accélération“, celui-ci est très différent de tous les précédents : plus acoustique, plus tempéré, plus réfléchi. Les thèmes mélodiques prennent une place prépondérante, la tonalité générale engendre l’optimisme et les parties rythmiques une tournure groovy.
Puis subitement entre ce disque et 1984, calme plat… silence radio.
En 1984, le tandem Decerf-Zajd réapparaît et décide de produire leur propre single disco-funk ! Ce genre musical n’a décidément rien à voir avec la musique à laquelle ils sont attachés, mais qu’importe. Les voici en studio avec une section cuivres, une chanteuse et des choristes, en train d’enregistrer la chanson “Manhattan” et son instrumental “Dither”. Ce single ne verra jamais le jour, mais la version instrumentale est éditée par CBS Songs.
En 1986, Jean-Pierre enregistre “Moments” pour Patchwork avec la complicité de son ami guitariste Jean-Pierre Auffredo. C’est une nouvelle étape, la musique est résolument orientée vers le Jazz-Fusion. C’est puissant, les ambiances sont pesantes et souvent sombres, la construction est efficace et convaincante, et encore une fois l’image est omniprésente. Ce sera son dernier disque à ce jour.
Le 22 avril 1990, à l’occasion du Earth Day, le groupe Open Air se reforme le temps d’un concert, et interprète sur la scène de la Grande Halle de la Villette à Paris, deux nouveaux titres “Beauty’s Deep” et “Don’t die Mother Earth”. Une compilation comprenant ces deux titres et l’album original de 1978 sortira quelques semaines plus tard sous le label Musea, spécialiste du rock progressif.
En 2001, le groupe français Air sample le titre “Arabian Era” issu de l’album “Sound” (Montparnasse 2000) pour son titre “Don’t Be Light”.
En 2012, l’artiste allemand Cro sample le titre “Spatial Feeling” issu de l’album “Magical Ring” (CRC Editions) pour son morceau “Ein Teil”.
En 2015 le label Born Bad Records sort “Space Oddities“, une compilation de titres de Jean-Pierre Decerf enregistrés entre 1975 et 1979.
Farfalla Records continue d’explorer l’univers de Jean-Pierre Decerf en sélectionnant certains de ses enregistrements à travers ses différentes compilations.